Clive Barker's Jericho sur Xbox 360 Jeu Video

Qui ne connait pas Clive Barker, ce génie qui est l'auteur de plus d'une vingtaine de livres horrifiques, mais aussi scénariste et réalisateur de nombreux films cultes dans les salles obscures. Si je vous dis Candyman, Hellraiser ou encore Cabal, je pense que ça doit déjà plus vous parler. Clive Barker travaille ici pour la seconde fois sur un jeu vidéo avec Clive Barker's Jericho, un titre qui nous met dans la peau d'une escouade de la dernière chance en proie à un mal terrifiant et cauchemardesque. Jeu culte en perspective ???

Afin de bien comprendre ce qu'est Jericho, nous allons commencer en vous évoquant l'histoire du jeu sans en dire trop pour ne pas vous gâcher le plaisir quand vous y jouerez. Le jeu nous met dans la peau du capitaine Devin Ross, le leader de l'escouade Jericho. Cette escouade est composée de sept hommes et femmes qui possèdent chacun des capacités spécifiques. Leur mission, combattre le mal sous toutes ses formes. Selon certains textes gnostiques et apocryphes, Adam et Eve ne furent pas les premières créations de Dieu. Avant cela, il y eut le premier né, une première tentative pour Dieu de créer un être à son image. Cette entité n'était ni mâle ni femelle, ni beau ni moche à regarder. L'histoire raconte que Dieu fut obligé de bannir cette créature dans les Abysses, inquiet de la création qu'il eut accompli. Alors il fit Adam et Eve, des créatures dotées de sexes et capables de ressentir des émotions et il les dota d'une âme. Seulement, le premier né ne pouvait pas en rester là et engrange alors depuis lors de la puissance là où il a été enfermé. Au fil des années, une brèche  à Al Khali s'ouvrit et des héros furent envoyés pour la refermer. Mais à chaque fois, elle emporta une partie du monde gardant chacune de ses époques enfermées dans des failles temporelles. Aujourd'hui, à Al Khali, la brèche est en train de se réouvrir et c'est bien entendu Jericho qui est envoyée sur les lieux pour la refermer. Cette escouade va devoir passer à travers les époques bloquées dans les failles temporelles et combattre des monstres impitoyables tout droit sortis de l'imagination de Clive Barker.

Le début du jeu n'est sans contexte pas le meilleur moment du jeu. Et pour cause, on ne peut jouer qu'un seul et unique personnage. Mais de fil en aiguille, le capitaine Ross sera capable de prendre le contrôle des autres membres de son escouade à la manière d'un spectre. Une astuce qui justifie la possibilité d'intervertir entre les différents personnages du jeu tout en gardant le rôle du protagoniste principal. Je ne vous cacherai pas plus longtemps qu'il s'agit d'un des points forts du titre, même si c'est loin d'être le seul rassurez-vous. Ainsi, chaque membre de l'escouade a des capacités qui seront utilisées à de maintes occasions pour progresser dans l'aventure. Ainsi, le capitaine Ross et le père Rawlings ont des pouvoirs de guérison très poussées, allant jusqu'à la résurrection des autres membres de l'équipe. Ce dernier porte deux pistolets automatiques et excelle en outre dans l'exorcisme. Il y a d'ailleurs une séquence où le prêtre doit exorciser une femme possédée par le démon, un moment anthologique qui devrait vous rappeler quelques souvenirs cinématographiques. Continuons avec le Caporal Simone Cole qui est capable de hacker la réalité... Oui, vous avez bien entendu, cette jeune femme peut transformer la réalité à sa guise ou presque, elle peut la ralentir pour mieux atteindre ses adversaires par exemple ou encore réapprovisionner les membres de son escouade en créant des munitions et elle est aussi une pro des explosifs. Ensuite, il y a Xavier Jones, un médium capable de pénétrer dans l'esprit de qui il le désire et ainsi de voir à travers lui. Le sergent Billie Church est l'un des personnages féminins les plus intéressants à jouer. Il s'agit d'une sorcière sangimancienne, comprenez par là qu'elle jette des sorts avec son propre sang. Elle se bat parfaitement au corps à corps car elle possède une épée aiguisée, mais peut aussi attaquer de loin grâce à son pistolet de défense Kenjuu. Ses sorts permettent d'emprisonner les ennemis aux alentours en les immobilisant temporairement ou de les brûler. C'est le personnage de soutien par excellence qui sera mis à profit surtout dans les combats au corps à corps. Il y a aussi le gros balourd de la bande alias le sergent Franck Delgado qui maîtrise les armes lourdes mais aussi un démon de feu nommé Ababanili. Concrètement, ce démon lui permet de carboniser ses adversaires ou de se protéger avec un bouclier de feu. Reste enfin la sniper du groupe en la personne du lieutenant Abigail Black. Cette jeune femme est capable de se servir de la télékinésie afin de débloquer certains passages ou de tirer des balles fantômes que l'on peut guider sur l'adversaire. Ce personnage est utilisé pour des combats à distance vous vous en doutez bien.  Tout ce petit monde doit absolument rester en vie si vous voulez arriver à la fin du jeu même s'il arrive certaines fois dans l'aventure que vous soyez séparés. Quand un des personnages meurt, il peut être guéri par Ross et le prêtre. Etant donné que Ross prend possession des corps de son escouade, chacun des membres a donc ses capacités. En clair, tant qu'un des personnages est encore vivant, la partie continue car vous pouvez toujours guérir les autres. Mais ne pensez pas pour autant que la tâche sera facile, loin de là.

Comme je le disais précédemment, vous devrez lutter durant différentes époques contenues dans la brèche par le nouveau né. Des époques où les personnes qui y sont restées bloquées vivent un enfer perpétuel et ont perdu la raison. Le jeu est composé en cinq époques distinctes. On commence tout d'abord en toute logique à Al Khali dans les ruines disparues de la cité où fut enfermée l'être premier, pour passer par la suite par des failles temporelles comprenant la seconde guerre mondiale, les croisades, la Rome Antique et enfin 4000 ans avant Jésus Christ, là où tout a commencé. Chaque niveau propose son architecture qui lui est propre avec par exemple les statues d'homme tout nu dans la Rome Antique mais ont tous un point commun. Ils baignent tout dans une atmosphère fantasmagorique grâce au talent du grandissime Clive Barker. De ce point de vue, on tient la qualité qui fait de Clive Barker's Jericho un grand jeu. On se retrouve véritablement dans un film d'horreur intéractif, sentiment renforcé par les cut-scènes qui se déroulent tout le temps à la première personne et par les quelques séquences quicktime-event que les développeurs ont intégrées dans le jeu.

On en oublierait presque toute notre objectivité tellement on se prend au jeu et on est immergé dans cette ambiance dérangeante et morbide. Car il est clair que le jeu n'est pas exempt de défauts. On dénombre quelques bugs d'IA de ci, de là. Des bugs très contraignants surtout au début de l'aventure où on ne peut pas interchanger entre les personnages. Concrètement, il n'est pas rare que l'un  des membres contrôlés par l'ordinateur se bloque à un endroit et ne veut plus avancer. Etant donné que certaines cut-scènes nécessitent que tous les personnages soient présents sur les lieux, c'est véritablement dérangeant. S'il suffit d'interchanger  avec le personnage buggé pour le débloquer, ce n'est pas le cas dans le premier niveau et on est alors obligé de redémarrer au dernier checkpoint. Mais on passe outre malgré tout, car ce défaut n'est pas si contraignant tellement la mise en scène est réussie, le scénario prenant, et le gameplay joussif. On peut aussi regretter que le jeu ne dispose pas de mode multijoueur. Pourtant, l'idée d'une équipe combattant le mal se prêtait à un mode de jeu en coopération. Tant pis, ce sera pour la prochaine fois.

Il ne fait aucun doute que le jeu ne serait pas ce qu'il est sans le génie de Clive Barker. Cet homme sait ce qui nous dérange, ce qui nous fait peur au plus profond de nos entrailles. Le jeu en lui-même n'est qu'un bête fps dans l'absolu, un fps reprenant différents éléments  d'autres fps. Mais il y a l'univers de Clive Barker qui le fait sortir du lot, le scénario torturé qui vous obligera à ne pas lâcher le pad du début jusque la fin de l'aventure. Une aventure qui devrait vous prendre environ une dizaine d'heures de votre vie avant d'en voir son apogée. A l'image de Stranglehold qui est un brillant hommage aux jeux d'action, Clive Barker's Jericho en est un pour le cinéma d'horreur. Troublant, angoissant, terrifiant, cauchemardesque, ce soft ne vous laissera sans aucun doute pas indifférent. A déconseiller aux âmes sensibles bien évidemment.